« Le développement de troubles musculosquelettiques (TMS) et les troubles psychosociaux comme le burn-out sont les premières causes d’incapacité de travail de longue durée en Belgique », annonce Marie Koziol, Conseillère en Prévention Ergonome chez Cohezio et formatrice băo academy. « Elles représentent environ 60 à 70% des causes d’absentéisme et présentent un coût très élevé pour les entreprises ».
Pour l’ergonome, les TMS (maux de dos et douleurs aux membres supérieurs ou inférieurs) ainsi que les risques psychosociaux sont d’ailleurs liés. « Dans la littérature scientifique, l’apparition de TMS est aussi bien la résultante de l’environnement de travail (gestes répétitifs), du patrimoine génétique de l’individu que des aspects psychosociaux (stress, manque de reconnaissance et de soutien, conflits, etc.) ».
Pour favoriser le bien-être au travail, on comprend dès lors l’importance de la prévention des risques en entreprise. D’autant plus quand on sait que la Belgique est confrontée à un taux record d’absences de longue durée au travail. Et quasi tous les secteurs sont concernés. En matière de prévention des risques en entreprise, l’ergonomie est donc une notion essentielle à prendre en considération.
L’ergonomie vise à adapter le travail à l’humain afin de préserver le bien-être, la santé et la sécurité des collaborateurs. « Le premier point d’attention doit être l’amélioration de l’environnement de travail en fonction du bien-être du collaborateur. On pourra ensuite sensibiliser les collaborateurs aux bonnes pratiques grâce à une formation », explique Marie. « La démarche ergonomique permet d’adapter les conditions de travail (organisation du travail, environnement physique, équipements de travail…) aux caractéristiques du travailleur afin d’éliminer ou de limiter ces contraintes. »
Dans le cadre d’une démarche ergonomique préventive, l’analyse des risques est une étape incontournable qui implique pour l’ergonome d’observer sur le terrain l’environnement professionnel. Celui-ci analysera les situations de travail dans le but de déterminer les risques pour la santé et le bien-être du collaborateur.
La formation sera recommandée si les travailleurs doivent être accompagnés dans le changement, pour intégrer les bons gestes, la bonne posture.
Depuis le mois de mai 2024, un nouvel arrêté royal est venu enrichir le code du bien-être au travail, qui ne prenait jusqu’ici que partiellement en compte la prévention des troubles musculosquelettiques. Pour la première fois, les notions d’ergonomie au travail, de TMS ou encore de conseiller en prévention ergonomie y sont définies.
L’employeur doit dorénavant procéder à une analyse de risques ergonomiques en tenant notamment compte de facteurs de risques tels que l’usage d’une force, les mouvements répétitifs, la durée et la fréquence des mouvements ou des tâches, etc. L’employeur doit aussi veiller à ce que les travailleurs et le Comité pour la Prévention et la Protection au Travail reçoivent une formation appropriée en rapport avec les risques de TMS. Cette formation est déjà obligatoire pour la manutention manuelle de charges et le travail sur écran.
Nous recommandons aux employeurs de respecter les bonnes pratiques de BeSWIC (du SPF Emploi, Travail et Concertation sociale) et d’offrir minimum deux demi-journées de formation espacées dans le temps. La première séance permettra de former et de sensibiliser le collaborateur aux bonnes pratiques pour intégrer les notions et l’approche. La seconde séance permettra de vérifier que les informations ont bien été intégrées et de rappeler les mises en pratique.
Bonne nouvelle pour les clients Cohezio et băo academy : nos services et formations en ergonomie sont déjà en conformité avec cette nouvelle législation !
Le conseiller en prévention ergonome commence par discuter avec l’employeur et/ou les parties prenantes pour comprendre quels sont les enjeux et l’objectif. C’est à ce stade que la demande de l’entreprise peut être reformulée de façon plus appropriée à la réalité du terrain. « L’analyse de la demande permet de bien comprendre la problématique d’une entreprise, les acteurs, les enjeux et les perspectives de transformation envisageables avec l’entreprise », explique Marie.
Le conseiller en prévention ergonome collecte les données, les analyse et reformule la demande sur base d’informations concrètes, après mandant de l’employeur.
Cette troisième phase consiste à analyser les conditions de travail sur le terrain en allant à la rencontre du collaborateur. « C’est une étape très importante pour l’ergonome, car elle permet d’intégrer le collaborateur à la démarche ergonomique, qui se veut participative. Les ergonomes sont experts en prévention et en ergonomie, mais le collaborateur est expert de sa réalité de travail et c’est un aspect important à prendre en compte », explique Marie.
Après l’analyse des données, l’ergonome restitue son diagnostic à l’employeur et propose un certain nombre de recommandations à mettre en place au sein de l’environnement de travail. Ces recommandations visent à réduire les risques de TMS, à améliorer le bien-être du collaborateur et dans certains cas, à améliorer l’organisation du travail.
En fonction des situations de travail (par exemple, poste de travail sur écran), l’ergonome recommandera des équipements spécifiques : siège de travail ergonomique, repose-pied, rehausseur d’écran, porte-document, poste de travail assis-debout, etc. Les recommandations peuvent aussi porter sur les processus et l’organisation du travail, comme la coopération entre différents services, l’optimisation de l’enchaînement des tâches, l’adaptation des horaires de travail… Les recommandations de l’ergonome dépendent du secteur d’activité de l’entreprise et des facteurs de risques identifiés sur le terrain.
Une fois que l’ergonome a transmis à l’employeur ses solutions pour améliorer le poste de travail, une formation pourra être proposée aux collaborateurs en fonction de leur réalité de travail. Le but ? Améliorer le bien-être au travail et sensibiliser aux risques. Cela renforce l’efficacité de la démarche ergonomique.
« Au-delà des mesures de prévention techniques ou organisationnelles, comme adapter les hauteurs de travail, les charges à déplacer ou encore le type de préhension, une formation sera nécessaire sur le plan individuel », souligne l’ergonome. « Les travailleurs apprendront par exemple à adopter une bonne posture ou à faire un geste correctement pour éviter des TMS. »
Idéalement, la formation doit se dérouler sur le lieu de travail des collaborateurs pour être la plus efficace possible. A défaut, il faudra reconstituer un poste fictif dans un environnement de formation. Mais l’ergonome met en garde : « Si nous formons les collaborateurs de manière trop théorique ou que les exemples donnés ne correspondent pas à la situation de travail du collaborateur, celui-ci ne retiendra pas les informations. Le collaborateur doit pouvoir appliquer les recommandations dans sa réalité de travail pour que l’objectif de la formation soit rempli ».
Exemple 1 : Travail sédentaire devant un écran d’ordinateur dans le secteur tertiaire
Si le collaborateur souffre de douleurs ou montre des premiers signes de troubles musculosquelettiques, le premier réflexe sera d’observer son poste de travail. Est-il bien réglé ? L’écran et la souris sont-ils bien placés ? Les pauses sont-elles régulières ? Qu’en est-il de la fatigue visuelle ? En parallèle de ce qui fait pour optimiser le poste de travail, il sera essentiel de sensibiliser le travailleur. Pour un poste de travail avec écran, le travailleur est certes dépendant du matériel fourni par son employeur. Il peut néanmoins être acteur de son poste de travail par le biais d’une formation adéquate.
Exemple 2 : Démarche ergonomique et formation dans le secteur de la petite enfance
Chaque formation en ergonomie est adaptée aux besoins spécifiques d’un secteur, d’une entreprise et des conditions de travail des collaborateurs. Dans les crèches, par exemple, il peut y avoir de grandes disparités d’un lieu à l’autre dans les dimensions physiques, organisationnelle et environnementale du travail. L’aménagement ou encore la conception du bâtiment peuvent conditionner la manière dont les activités sont organisées. Cela nécessite d’adapter les formations au cas par cas.
Prenons l’exemple d’une table à langer. La manière dont la table à langer est disposée va conditionner la manière de langer un tout-petit. De plus, le travail sera aussi influencé par la taille des puéricultrices (grandes ou petites). Tous ces éléments doivent être pris en considération. Si la table à langer est trop haute, il faudra d’abord adapter l’environnement de travail avant d’expliquer au personnel les bons gestes pour ne pas se blesser.
Avec notre partenaire Cohezio, nous accompagnons les organisations à toutes les étapes de la démarche ergonomique, de la demande initiale de l’employeur jusqu’à la formation des collaborateurs.